Le 11 septembre 1957, à 11h00 précise, se présenta au café Louis DEVAUX. Sans transition ni amabilités de convenance, il annonça qu'il venait féliciter les heureux nouveaux propriétaires de sa maison de COLIGNY. Pas de verre cassée comme dans un film d'Hollywood, juste un silence que personne ne parvenait à rompre en cette chaude matinée de fin d'été. Puis Germaine se décida à le briser en débitant comme une mitraillette que "cela n'était pas possible", qu'elle savait que "d'autres acquéreurs étaient sur le coup", que le prix proposé par son père, sans être ridicule, devait forcément être inférieur à celui soumis par les autres prétendants à cette propriété, et ainsi de suite pendant près de 3 minutes.
A bout d'arguments, et relevant la tête à I'issue de ce plaidoyer qu'elle avait inconsciemment prononcé tête baissée, elle aperçut le visage souriant et posé du militaire. Ce demier dit simplement cette phrase que Germaine n'oublia jamais 'Oui ma chère petite, vous avez raison : c'est certainement la plus mauvaise affaire de ma vie que je viens de conclure en tetme financier...sauf que mon désir le plus cher n'était pas de faire une plus-value, mais de céder cette maison à celle ou celui qui saurait I'aimer, la chérir comme une personne pour qu'elle puisse lui apporter autant de joie et de félicité qu'elle a pu m'en apporter à moi même ef à mes proches. Qui mieux que vous méritez cette propriété ? A l'évidence, personne".
ll n y eu pas d'effusion ni d'embrassades, juste l'étemel sourire que conserva celui qui restait "Monsieur DEVAUX le temps de remettre son chapeau et de quitter le café, laissant Germaine et Albert dans un état second. Ce fut I'appel de Marthe, inquiète de savoir ce qui avait pu justifier ce qu'elle pris pour des cris de désespoir de sa fille qui rompit le charme de ce moment unique que I'on se raconte de génération en génération depuis ce jour béni de septembre....
Albert et Marthe séjournèrent autant que possible dans cette maison et prirent leur retraite jusqu'à leur décès respectifs en 1978 et 2007. Germaine se remaria en 1965 avec Michel GOYARD et donna naissance un certain 11 octobre 1967 à un petit Dominique, lequel passa tous ses mercredis, ses week-ends et ses vacances scolaires dans ce qui devint une maison de famille et où se retrouvaient régulièrement Jean Michel, puis sa femme et ses enfants au fil des années. Germaine y vit toujours. Elle a fêté ses 93 ans le 25 février dernier